Dans le contexte du méta-campement*, j’ai imaginé un protocole performatif pour une calasse de première année.
Dans les grandes lignes, en voici l’idée :
PROPOSITION 1
Vladimir Fricero a prévu d’installer un dispositif de captation qui prendra une ou deux images par seconde pour ensuite conformer à 25 par secondes. Il pourra ainsi rendre compte de 48 heures de temps passé en un temps beaucoup plus bref; une temporalité a l’échelle humaine…
Comment se déplacer dans un espace qui n’existe qu’1/25ème de seconde toutes les minutes?
La distorsion du temps dans un même espace permet des mouvements et dé- placements complètement différents. J’aspire à exploiter ces vides temporels pour créer des chorégraphies de l’instant qui ne seront que des mouvement quotidiens ou des déplacement étranges dans la vidéo de Vlad. Vlad ce doute bien que j’ai une idée derrière la tête mais il aura la surprise des découvrir un résultat inattendu lorsqu’il fera le montage de ça vidéo.
Il s’agit d’une tentative pour rendre compte d’un temps virtuel dans un espace réel. L’échec de la captation est envisageable. Mais l’instant sera bien réel et donnera lieu a une chorégraphie particulière.
PROPOSITION 2
Lorsque vous passez devant une caméra vous réduisez petit à petit le rythme de votre marche jusqu’à l’immobilité. Votre posture reste celle du marcheur. Vous la maintenez quelques secondes pour faire partie intégrante d’un arrière plan vidéo puis vous repartez a un rythme normal.
Ainsi vous n’êtes plus un simple passant mais un figurant. (continuité de travail à la compagnie lieu de création) Vous prenez en compte le champs de la caméra et les temps d’apparition. Vous ne fixez jamais la caméra ou la scène lorsque vous êtes dans le champs afin de res- ter au second plan.
Réminiscence
User d’enregistrements sonores «Les anecdotiques» Luc Ferrari comme vecteur d’informations… ordres, invitation, suggestions… L’enregistrement me permet de me raccrocher à une base temporelle stable et prévisible. Je sais ce qui sera et quand il adviendra.
EN LIEN
La gestuelle d’habitude, d’ennui… Se questionner sur ce qui rompt l’immobilité.
Il s’agit dans un premier temps de repérer ces petits gestes qui n’ont pas d’utilité apparente; de les répertoriés (dessin, enregistrement vidéo); puis de les «cannibalisés», les reproduire à n’importe quel moment de la journée. Dans une immobilité apparente je mobilise mon attention sur un tout petit geste que je reproduit.
Cabanon vertical
Interview perchée d’Olivier Bedu. La caméra (Anaïs) est fixée à une perche comme si il s’agissait d’un micro de prise de son ciné (rapport fiction / réalités) ce qui impose une certaine posture a la personne interviewée.
Certain des projets liés à ces quelques notes ont été expérimentés lors du méta-campement, d’autres le seront plus tard. Il resurgirons à une autre occasion.
PROPOSITION VIDÉO
Vidéo «correspondance» à l’attention de Claire Malvolti. Claire a partagé quelques moments de méta-atelier avec nous avant de partir pour la chine où elle séjourne actuellement.
J’imagine cette vidéo comme une vidéo de vacance en ayant en mémoire «Le Sphinx» de Stéphane Rossi. Nous ne sommes pas parti de l’école pour méta-camper mais je m’échappe par cet intermédiaire.
1° PROPOSITION – LA VIDÉO DE VLAD
Un petit mouvement toutes les minutes. Je propose ce protocole sur une durée de vingt cinq minutes. Pour être honnête, je me suis demandé si on arriveraient a tenir plus de cinq minutes. Mais le protocole est simple et fonctionne bien. Je l’enrichis de la possibilité de «switcher» c’est a dire que chaque personne à une chance de changer de place avec un autre participant. Du coup, certain refilent des postures délicates a tenir dans la durée à d’autres qui étaient tranquille- ment assis.
En ne faisant qu’un mouvement par minute nous avons le temps de nous rendre compte que nous ne sommes pas seul. Cet espace que nous connais- sons si bien et que nous traversons tous les jours et aussi le lieu de vie d’animaux, qui bougent eux aussi à leur rythme, provoques des son et fuient les hommes lorsqu’ils bougent trop.
2° PROPOSITION – RÉMINISCENCES
J’ai beaucoup travaillé sur cette proposition. Mercredi et jeudi j’ai accumulé le maximum d’enregistrements audio. J’ai consacré une bonne partie de la nuit à les trier. Puis le vendredi, je les aient enrichis avec la complicité de Rémi Coupille qui prenait des son sur le terrain. Quelques chansons, des récits d’expériences, une captation de la vieille… J’ai monté tout ça pour créer un petit scénario. Le but était de proposé ce scénario aux participants de la veille. Riche de ces expériences communes qu’allait il se passer?
Manque de chance, la journée s’acheva avant que j’eusses le temps de lancer ce projet.
C’est aussi ça que je souhaitais expé
rimenter. Suis-je capable de tenir les délais?
Sur ce coup là c’est un échec mais ce n’est que partie remise…
LA CHUTE DE CETTE HISTOIRE
Vendredi 15 Avril, après un rapide compte rendu de nos divers actions…
A défaut du méta-barbeuque pro- grammé, La philosophe Christiane Vollaire se propose d’aller acheter de la nourriture à l’épicerie du coin. Younes Rahmoun, Huna Ruel, Déborah Repetto et moi partons l’accompa- gnons. L’objectif est de ne pas mettre plus de 15 minutes.
Une fois à l’épicerie nous achetons de la salades de la charcuterie et quelques oeufs pour préparer une omelette. Sur le chemin du retour, alors que Christiane et Younes sont en grande conversation, Huna, Déborah et moi envisageons le scénario de notre inter- vention.
1-l’action s’inscrit dans un contexte. Il est donc important d’appréhender le contexte pour l’exploiter dans l’action. 2-nous devons avoir l’attention de tout le monde sans pour autant la réclamer directement.
3-l’action doit être crédible et ressem- bler à un accident
La préparation d’une omelette, ça «tombe» bien! Le contexte est facile- ment exploitable.
LA BOUFFE SERA LE PRETEXTE…
Nous arrivons sur place et entrons dans la cuisine.
Je dépose les courses et vide une boite d’oeufs.
Huna retourne dans la salle pour demander comment chacun aime l’omelette. Ainsi elle accapare l’atten- tion de tout le monde.
Je la rejoint pour prendre en compte le résultat.
Comme d’habitude Déborah pose son sac au sol négligemment.
Je me retourne pour aller à la cuisine, trébuche sur le sac de Déborah et tombe la boite d’oeufs à la main.
Il ne s’agit que d’une simple blague. Une performance de clown ou d’un acteur de cinéma muet. Mais elle s’ins- crit dans la réalité. L’action à lieu au moment présent; en live. Le public vit cette expérience en même temps que nous sans y être préparé.
Mais ce qui est surtout a noté c’est que nous avons élaboré ce petit scénario en quelques minutes seulement. Le groupe est maintenant bien rodé. Cette complicité était d’une aide précieuse pour surmonter ces trois jours.
Car le méta-campement était une expérience riche et éprouvante. En plus des moments de rencontre, de partage et de découverte, il nous a permis de mettre à l’épreuve nos pratiques personnelles. Nous avons été amené à proposer notre travail à des personnes qui ne le connaissaient pas, qui n’en avaient jamais fait l’expérience. Il ne s’agit pas encore d’un jury d’examen ou d’un public extérieur à l’école. Néanmoins, nous avons déjà pu juger de l’intérêt et des questionnement qu’il suscite… Et nous avons eu un bref aperçu du travail qu’il nous reste à faire.
Au final, je pense que le méta-campement est un véritable outil de travail. Il est aussi indispensable à un élève du méta-atelier que l’est un pinceau pour un peintre ou une caméra pour un vidéaste.